L’antagonisme est un procédé souvent utilisé pour amener de la comédie dans la fiction. Les auteurs de Demain nous appartient tirent sur la corde et ça nous va bien.
Après avoir usé Samuel Chardeau (Axel Kiener) sur le terrain du drama, le voilà (fort bien) exploité sur celui de la comédie. Et tant qu’à faire jouer un classé, autant le mettre sur le Central avec un partenaire susceptible de bien renvoyer la baballe. Les premiers échanges entre Samuel et Soïzic (Charlie Nune) ont suscité le violent désir d’assister au match retour. En attendant, on a vu cette semaine, le nonchalant Dr Chardeau s’opposer au tatillon Aaron (Stany Coppet) à propos d’une sombre histoire de poubelles. A son corps défendant, Victoire (Solène Hébert) s’est retrouvée à arbitrer cette puérile guérilla entre voisins. Si chacun prend un plaisir évident à l’exercice, l’apport de nuance dans le jeu est ce qui différencie un bon comédien d’un excellent comédien. Axel Kiener l’a bien compris. Chacune de ses répliques est trempée dans l’encre noire de ses traumatismes passés. Sur un fil, en équilibre entre “je me marre” et “je vais t’en coller une”, impossible de savoir de quel côté va tanguer son personnage, ce qui rend la situation à la fois incertaine et hilarante.
Nordine et Gabriel, l’autre rif
L’autre antagonisme du moment, composé de Nordine (Youcef Agal) et Gabriel (Martin Mille) est certes plus léger, mais tout aussi savoureux. Si chacun n’aspire qu’à vivre loin de l’autre, ils sont sans cesse ramenés l’un vers l’autre, à la manière d’un élastique qui s’étire puis claque. Youcef Agal n’a pas besoin d’artifice : un sourcil qui se lève, une démarche légèrement chaloupée, un sourire de vainqueur ou des épaules qui s’affaissent et le rire s’enclenche. Quant à Martin Mille, dans sa posture et sans forcément y mettre des mots, tout traduit l’envie de réduire au silence ce Nordine qu’il n’en pleut plus de croiser à chaque virage. Le tout sous le regard contrit des sœurs Beddiar. Et ça, vraiment, on adore !